Le vin de Chinon
« Il est rond, un peu enveloppé, mais quel beau corps ! » Telle était la signature du vin de Chinon, placardée fièrement il y a quelques années sur des affiches et des cartes postales. Un vin souple, généreux, étoffé, issu des ceps de cabernet franc plantés de part et d’autre de la Vienne. Un vin humaniste en somme, à l’image de Rabelais, l’enfant du pays.
Comme souvent, l’appellation d’origine contrôlée (créée en 1937) du vignoble porte le nom de la ville autour duquel il gravite : Chinon, dominée par l’incroyable forteresse regroupant le fort du Coudray, le château du Milieu, et le fort Saint-Georges.
Chinon : un vin qui voyage
Dès le IVème siècle, le vignoble se développe. Voies navigables, la Loire et la Vienne accompagnent son essor : elles permettent d’exporter aisément la production de vin, diffusant ainsi sa renommée. Il faut dire que le vin de Chinon est servi à la cour d’Henri II Plantagenêt, de Philippe Auguste, et de Charles VII. Certains écrits le relatent : au XIIIème siècle, Chinon est une ville riche, et la culture de la vigne n’y est pas étrangère.
Cinq siècles plus tard, une nouvelle étape est franchie : à partir de leurs comptoirs établis à Nantes, les grands marchands hollandais font découvrir largement le vin de Chinon hors de France, à une riche clientèle anglaise et hollandaise. Le vignoble s’oriente ainsi logiquement vers une production de vins blancs de qualité. Oui, blanc ! A cette époque, ce sont les vins blancs qui sont prisés, issus du cépage chenin.
Des vins rouges, rosés et blancs !
Aujourd’hui, le vignoble s’étend sur 2300 hectares et produit pas moins de 13 millions de bouteilles. La majeure partie de la production se concentre désormais sur le vin rouge, produit en mono cépage via le cabernet franc, et bien souvent élevé dans les caves troglodytiques, qui offrent une température idéale. Cela donne notamment des vins de garde (les millésimes 1947, 1976, 1989 1990…), bien connus des Français, mais aussi des œnophiles américains (500 000 bouteilles par an y sont exportées), canadiens, britanniques et belges.
En réponse aux goûts actuels du marché hexagonal, les vins rosés représentent quand même 10% de la production. Côté vin blanc, seulement 5%… mais cette part a doublé ces dernières années, renouant ainsi avec le passé, et ce d’autant que certains vignerons redécouvrent les bienfaits de la vinification dans des amphores. L’avantage de ces jarres en argile ? La micro-oxygénation des vins, qui fait ressortir la typicité des terroirs et des cépages !
Où déguster et acheter les vins de Chinon ?
Plus de 150 vignerons portent haut les couleurs de l’appellation Chinon, tirant parti au mieux d’une terre de tuffeau aux tons jaunes, argilo-calcaire ou argilo-sableuse, et reposant sur des couches crayeuses profondes. Outre les coteaux de la vallée de la Vienne, plusieurs d’entre eux possèdent notamment des vignes sur les puys du chinonais, au nord de la ville : sur ces buttes dont la plus grande culmine à 88m, on ressent plus fortement qu’ailleurs la chaleur. Un climat qualifié de méditerranéen, qui n’est sans doute pas étranger à la typicité des vins.
Mais comme toujours, dans cet univers de passion et d’exigence, le mieux est de venir vous faire votre propre idée. En plus des événements programmés tout au long de l’année (les vignerons dans la ville, les portes ouvertes, vignes vins et randos…), l’oenotourisme se vit au cœur de nombreuses caves touristiques. De la dégustation commentée à l’escape game œnologique à la scénographie contemporaine de cave de la Sibylle, elles offrent une grande diversité d’expériences à vivre ! Découvrez-les sur la carte ci-dessous.