Le pouvoir des fleurs

S’immerger dans les jardins de Touraine est comme un bain de jouvence, celui du plaisir des sens, sollicités par le mariage heureux des couleurs et des parfums délicats.

Quel plus bel antidote à ce monde tourmenté qu’une invitation à la contemplation sereine et au lâcher-prise dans le décor poétique des jardins de Touraine. D’ornements, de contes de fées, à la française, potagers ou conservatoires, ils sont spectaculaires ou intimistes et toujours inspirants.

Incontournable, Villandry est une icône pour les passionnés de jardin et pour tous les autres évidemment séduits par ce magnifique tableau végétal, graphique et harmonieusement coloré. Du château, des terrasses ou des rafraîchissantes allées de tilleuls, les points de vue sur les quatre niveaux de jardin sont multiples et photogéniques pour les amoureux en quête de souvenirs romantiques. Le potager est un ravissement de teintes pourpres et orangées, soulignées de buis finement taillés.

La présence apaisante de l’eau du canal, des fontaines, les délicats kiosques ornés de roses, la variété chromatique des tulipes, dahlias et bégonias au fil des saisons, sous le regard vertical et élancé des gracieux ifs en topiaire font de la visite un moment rare et précieux. Chaque année début juillet les jardins se parent des douces lueurs de milliers de bougies pour leurs envoûtantes nuits des mille feux.


Autre lieu, autre temps, celui des lutins, des ogres et des fées au château du Rivau et de ses 14 jardins aux noms évocateurs qui empruntent à la féérie des contes, à l’enfance heureuse et imaginative. L’enchantement est permanent devant la sensibilité artistique des compositions, formes et couleurs accompagnées des touches drolatiques d’une formidable collection de monumentales œuvres contemporaines que n’aurait pas reniée maître François Rabelais. Entre Chinon et Richelieu, le Rivau est un philtre de bonheur qu’il faut consommer sans aucune modération.

À Amboise, Château-Gaillard, que l’on a longtemps cru disparu à jamais, est un ancien domaine royal légué par Charles VIII à Dom Pacello, le fameux « maître-jardiniste » napolitain, qui œuvra pour trois rois de France. Dans ses « Jardins du Roy », Pacello cultivera les premiers orangers implantés sur le sol français, développera une remarquable collection d’agrumes et inventera même les caisses à oranger et les serres chaudes ! Ouvert au public depuis l’été 2016, il se visite grâce aux « 7 sentiers du paradis » recréés dans la propriété. Ils offrent ainsi, la possibilité de découvrir entre autres, les serres avec la collection d’orangers, le verger ou le pigeonnier troglodytique. Enfin, quel meilleur rafraîchissement, que les délicieux jus d’oranges pressés sur place, lorsque que viennent les chaudes journées estivales.

Sur des terroirs viticoles ou brillent les chenins, doux, fruités ou effervescents, de chaque côté du fleuve royal, on trouve deux témoignages singuliers de l’art du jardin. Côté Montlouis, la Bourdaisière abrite un étonnant conservatoire national de la tomate, de toutes formes, couleurs et provenances et un lumineux jardin contemporain de 5 000 dahlias. Côté Vouvray, Valmer et ses jardins en terrasses des XVIe et XVIIe siècles, ses charmilles, roses et senteurs aromatiques méditerranéennes, ses fontaines, évoquent un délicieux parfum de Toscane au cœur du Val de Loire. Le potager est un hymne au respect de la nature, avec ses hôtels à insectes et une expérience unique pour ses fleurs à déguster et ses plantes comestibles.

Plus contemporain est le nouveau jardin du Prieuré Saint-Cosme – Demeure de Ronsard, à La Riche en périphérie de Tours. Y cohabitent 12 espaces, comme le jardin des plantes à parfums venues d’ailleurs, les pergolas de roses anciennes, ou le potager de Ronsard et ses légumes « exotiques », qui ont tous fait l’objet d’une attention esthétique exigeante dans le choix des matériaux comme le métal oxydé, la terre cuite ou des essences végétales élégantes comme le robinier ou le châtaigner. La Demeure de Ronsard mélange harmonieusement l’esprit d’un prieuré avec le geste artistique plus actuel, pour une déambulation apaisante qui invite à la méditation.

À Chédigny, l’important c’est la rose, car dans ce joli village des bords de l’Indrois, non loin de Loches et de Montrésor, on compte près de 800 rosiers, anciens en grande majorité. C’est dans la rue, en lieu et place des trottoirs, que la reine des fleurs s’est installée, pour faire de Chédigny le seul village français classé jardin remarquable. Ce bucolique parcours floral raisonne avec les beaux jardins contigus des particuliers, entretenus et magnifiés avec la même verve et la même passion que les plantations communales. Ici, c’est la population entière qui cultive sa main verte et invite le visiteur avec le sourire à profiter du plus beau des bouquets, gratuit et permanent. Désormais, le jardin de l’ancien presbytère entièrement recréé, ouvre ses grilles aux visiteurs, havre de paix et de sérénité, il offre aussi la possibilité de se restaurer dans un cadre hors du temps.

Tout près du château d’Azay le Rideau, magnifiquement restauré, qui se mire dans son miroir d’eau entouré d’un parc agréable, le château de l’Islette, qui abrita les tumultueux amours de Rodin et de Camille Claudel est un paradis pour le farniente. En balade en barque sur l’Indre qui traverse le domaine, on laisse volontiers sa paume effleurer la fraîcheur de l’eau, avant de s’étirer paresseusement à l’ombre des vénérables arbres pour un demi-sommeil béat ou une lecture inspirée.

Et que dire des châteaux d’Amboise, de Chenonceau, d’Ussé chez la belle au bois dormant, ou du manoir du Clos Lucé, sinon que leurs parcs, jardins et labyrinthes sont des ornements de choix pour des demeures prestigieuses.

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